Une fouille dans l'albien du Cap Blanc-Nez

Publié le par Phanérozoïque

 

 

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                                  Anomotodon principalis (?), Albien, Boulonnais.

                                                                 Taille: 1 cm

 

 

 

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                                                     Même spécimen, vue labiale.

 

 

Voilà donc comme prévu le dernier compte-rendu de cette série consacrée à mon trip dans le boulonnais . Celui-ci concerne ma fouille réalisée le dernier jour près du Cap-blanc-nez.

 

 

Après avoir quitté la bourse d'Hardinghen nous mettons une petite demi-heure pour arriver sur le site de fouilles . Le ciel est bleu, le soleil brille ... Une nouvelle journée chaude et ensoleillée s'annonce ! 

 

 

 

 

En plus du marteau et du burin j'emporte un seau et une petite pelle . Vous n'allez pas tarder à savoir pourquoi. Après avoir descendu le sentier menant à la plage, je me dirige vers des étendues de galets, proches d'un petit ruisseau d'eau salée . C'est parmi ces galets que l'on trouve les vestiges d'une couche riche en fossiles mais qui a presque totalement disparu à cause de l'ensablement.

 

 

Cette couche se nomme "formation des Argiles du Gault", et est présente sur le gisement sous la forme d'une argile grisâtre, salissante et riche en petits cailloux. Ici plus de couche à proprement dit mais plutôt des petits blocs d'argiles, éparpillés ça et là parmi les galets . Je m'empresse de les ramasser et de les mettre dans mon seau, de sorte qu'il est vite rempli.

 

 

 

 

Mais pourquoi ramener cette argile dans laquelle il est impossible de distinguer le moindre fossile ? Tout simplement parce qu'une fois très sèche se tamise bien si on la baigne dans l'eau. Alors vous trouverez les restes fossiles, prisonniers des mailles du tamis.


 

On y trouve principalement des ammonites, des bivalves, mais également des restes de vertébrés, et principalement des dents de requins. Ces dents de requins sont représentées par divers espèces telles que la classique Cretolamna appendiculata, Dwardius silversoni ou encore de rares Paraisurus macrorhiza.

 

 


 

Cette formation est donc très intéressante au niveau dents de requins étant donné que l'albien à dents est un étage qui devient de plus en plus difficile à échantillonner en France et en Belgique,bien qu'il demeure quelques affleurements. 

 

 

 

Après avoir rempli mon seau je commence à examiner les galets car on trouve fréquemment de petits fossiles parmi ces deniers. Quelques ammonites pyritisées seront ramassées ainsi que des inocérames et des bélemnites. Je les ramasse malgré que je ne soit plus trop intéressé par les invertébrés, car j'aime avoir une vue d'ensemble de la faune des gisements dans lesquels je fouille.

 


 

Ma recherche est donc plutôt axée sur les dents de requins dans ce gisement-ci. Elles aussi se trouvent parmi les galets, mais de manière bien moins fréquente à l'heure qu'il est . En trouver une sur sa fouille est déjà une bonne chose. En avançant le long de la côte je croise d'autres fouilleurs allemands, cherchant eux aussi parmi les galets mais ne trouvant rien d'intéressant.

 

 


 

Une centaine de mètres plus loin je finis par trouver la petite dent de requin que j'attendais . Ce n'est pas le plus beau spécimen qu'il m'ait été donné de voir, mais la couronne est "fraîche" et conservé. Dommage que la racine lle ne soit pas complète... Quant à la détermination précise de l'espèce, la tâche n'est pas facile . Etant donné que le crétacé inférieur était une première au niveau élasmobranche pour ma part, je connais encore mal cette faune .

 


 

Néanmoins cette dent à couronne relativement plate et élancée, dépourvue de denticules latéraux, nous permet de limiter les possibilités . Bien que dépourvues de denticules latéraux, les dents de Cretoxyrhina ne pourraient convenir, bien trop larges et robustes. Nous ne sommes pas non plus dans les mêmes gammes de grandeur au niveau des dents.


 

On peut donc se diriger vers les Mitsukirinidae, représentés dans ce gisement par Anomotodon principalis et Scapanorhynchus praeraphiodon . Ces dents sont relativement graciles . On remarquera souvent une légère striation sur la face linguale de leur couronne, bien marquée chez les antérieures mais qui a tendance à s'atténuer chez les dents latérales.

 

 

Chez Scapanorhynchus nous observons des denticules latéraux, qui sont plus ou moins marqués selon la position mais peuvent parfois être quasiment inexistants dans certains cas. La racine est quant à elle peu haute mais assez robuste et présente un sillon nutritif.

 

 

 

Chez l'Anomotodon principalis les caractéristiques morphologiques générales sont les mêmes : dents graciles présentant une striation linguale.  La racine est moins robuste que celle des Scapanorhynchus et présente, comme ces dernières, un sillon nutritif .

 

 

 

 

Nous pouvons donc exclure de manière quasi certaine le genre Scapanorhynchus comme possibilité de détermination étant donné que sur le spécimen présenté la couronne est lisse et dépourvue de denticules latéraux . Elle correspondrait plus à l'espèce Anomotodon principalis . Bien que ce dernier possède une couronne striée, il arrive que ces striations disparaissent chez certaines dents. Le seul point qui peut laisser planer le doute est cette absence de sillon nutritif sur la face linguale de la racine dans le cas de notre spécimen, qui est normalement présent chez Anomotodon principalis.

 

 

 

Mais ce n'est qu'une supposition étant donné que la racine n'est pas complète. Elle a été un peu usée et les extrémités de chaque branche de racine ont été "rabotées". Nous ne pouvons donc pas nous baser sur ce critère pour déterminer la dent . Par conséquent l'Anomotodon principalis demeure la meilleure solution.

 

  

Néanmoins si vous avez une meilleur proposition à faire, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire !

 

 

 

 

Je reviens finalement relativement content de cette fouille qui a cloturé mon séjour dans le boulonnais, ayant trouvé ma première dent albienne. Bilan maigre pour le nombre d'heures passées sur le terrain durant ces trois jours au vu de la réputation de l'endroit mais je ne reviendrai au moins pas totalement bredouille.

 

 

Espérons que le seau d'argile ramené réservera quelques surprises...

 

 

 

 

 

Publié dans Comptes-rendus

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