Otodus auriculatus de l'éocène du Kazakhstan

Publié le par Phanérozoïque

 

 

Très grand pays d'Asie centrale (le 9 ème plus grand pays du monde), le Kazakhstan est très connu des amateurs de dents de requins pour les magnifques spécimens qui y sont trouvés.

 


 

En effet  à l'Ouest du pays , dans la province de Mangghystau, affleurent de nombreuses couches crétacées et tertiaires, riches en dents d'elasmobranches arborant de magnifiques couleurs.

 

 

 

 

La récolte de ces dents est loin d'être une chose facile, surtout pour une personne non autochtone comme nous autres Belges, notament à cause du climat aride qui règne dans ces régions désertiques (ou presque) . De plus, le Kazakhstan est loin d'être réputé comme étant le pays le plus sécurisant au monde, si vous voyez ce que je veux dire...

 

 

 

Il est donc plus facile pour les amateurs comme moi qui n'habitent pas la région de les acquérir par le biais des bourses aux fossiles ou d'autres amateurs, bien qu'elles se fassent de plus en plus rares.

 

 


 

Il y a quelques années, les dents les plus courantes pouvaient être obtenues à des prix encore abordables (quoique ..), mais désormais, il devient très difficile d'acquérir la moindre dent complète de ce gisement pour moins de 7 à 10 euros . Et encore ce n'est que pour deux ou trois espèces relativement courantes, telles que le Synechodus lerichei qui se rencontre dans les sédiments santoniens de la région. 

 

 

Il est donc très difficile d'arriver à obtenir la faune complète de chaque étage, qui totalise des dizaines d'espèces ! Cette faune est très intéressante, car en plus d'être très diversifiée beaucoup d'espèces ne se rencontrent pas chez nous.

 

 

 

 

 

 

Dans les couches de l'éocène moyen (bartonien) par exemple, nous rencontrons l'espèce Notorynchus kempi, qui selon David ward serait l'espèce transitoire entre N. serratissimus de l'éocène inférieur et moyen et de N. primigenius, espèce oligocène .  Lionel Candoni dit sur son site que  lui ne verrait en N. kempi qu'une sous-espèce de N. primigenius , notament de par les grosses ressemblances morphologiques . 

 

 

 

 

N. kempi ne se rencontre pas chez nous à en croire les listes faunistiques yprésiennes et lutétiennes, ou seule l'espèce serratissimus est répertoriée.

 

 

 


 

Toujours dans les niveaux éocènes nous rencontrons les grandes dents de Striatolamia rossica. Cette espèce me semble n'être qu'une variante régionale de Striatolamia macrota, tant au niveau de la répartition stratigraphique que de la morphologie des dents.

 

 

 

Le kazakhstan est  également un bon endroit pour observer l'évolution probable de l'Otodus obliquus vers l'Otodus auriculatus (bien que certains verraient également en Palaocarcharodon orientalis un potentiel ancêtre de O. auriculatus) .  En effet dans les différents niveaux de cette région , il est possible de rencontrer l'Otodus obliquus (éocène inférieur) , l'Otodus mugodzharicus , l'Otodus aksuaticus (ex subserratus) , l'Otodus auriculatus, et enfin , l'Otodus sokolovi.

 

 

 

 

 

Au niveau de l'évolution de la morphologie des dents , rappelons que O. mugodzharicus se caractérise par la découpe des cuspides et une couronne lisse, O.aksuaticus est lui caractérisé par la découpe voir le dédoublement des cuspides ainsi que de fines crénulations sur le tranchant de la couronne . On suppose que cette forme aurait engendré l'auriculatus durant l'yprésien moyen . 

 

 

 

 

Otodus auriculatus est caractérisé par ses dents relativement grandes, robustes, à sérrulations plus marquée que chez Otodus aksuaticus et à denticules latéraux plus développés. Cette espèce est bien connue de notre éocène moyen Belge, et certains spécimens auraient également été découverts dans l'yprésien de la formation de Tielt. 

 

 

 

Le spécimen d'Otodus auriculatus ici présenté présente une magnifique coloration, et est étonnament bien conservé en comparaison avec la plupart des auriculatus sortant de ces gisements, souvent roulées. 

 

 

 

                Requins-et-raies-2212-copie-1.JPG

                                       Otodus auriculatus , bartonien , Kazakhstan

                                                              Taille : 3,7 cm

 


 

                 Requins-et-raies-2213.JPG

                                        Même spécimen, vue labiale (=face externe)


 

Pour finir nous rencontrons également l'espèce supposée transitoire entre Otodus auriculatus et Otodus angustidens : Otodus sokolovi .  Elle n'est répertoriée que dans quelques rares formations à travers le monde, comme dans le priabonien de Dakhla.

 

 

 

 

 Publications conseillées sur le sujet :  


- Menner, V., 1928. The Palaeogene sharks of Mangyschlak, Emba and from east of the Urals. Bulletin de la Société des Naturalistes de Moscou Section, Géologique vol. 6(3-4): 291-338. Moscow In Russian

 

 

-  ZHELEZKO, V.I. (1977) :Stratigraphy and fossil sharks of the Upper Cretaceous deposits of West Kazakhstan) .Rotaprint Geotekhnika: 1-31. ( En Russe)

 

 

 

 


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