Une petite sortie dans le néogène anversois ce samedi
Etant personnellement en manque cruel de sortie ces quatre derniers mois, une visite dans un site à dents de requins s'imposait.
Après avoir hésité entre la prospection ou le port d'Anvers , un autre passionné de requins et moi décidons finalement d'aller faire un petit tour dans le pliocène inférieur d'Anvers .
Malgré la météo annoncée maussade pour l'après-midi, nous ne renonçons pas et partons tôt le matin .
L'arrivée vers 10h sur le site se fera sous un temps très gris mais sec , ce qui nous rassurent un peu .
Les petits cinq cents mètres nous séparant de l'endroit où nous avons décidé de fouiller sont vite parcourus tellement la motivation est grande .
On repère une zone qui n'avait pas encore été tamisée , chose qui devient de plus en plus rare avec le nombre impressionnant de fouilleurs ayant fouillé ici ces cinq dernières années .
Nous enlevons un bon mètre cube de sable peu productif et là c'est le jackpot : Une couche à n'en plus finir . Longue d'au moins deux mètres et profonde d'une vingtaine de centimètres, cette poche à coquilles Glycimeris et à gravier à dents est une aubaine . Cedric , ayant fouillé là dès les débuts du site me dit que ça fait très longtemps qu'il n'a plus vu de pareille couche .
Notre trou, avec à sa base le gravier de base riche en dents et en coquilles .
Nous començons à remplir nos tamis, encore plus motivés qu'au départ . Malheureusement cette joie va vite disparaitre . Une fois de plus, la météo s'était bien plantée . La pluie, annoncée en fin d'après-midi, est arrivée à 10h30 , soit seulement 30 minutes après avoir commencé à creuser !
Nous retrouvons le temps de notre Belgique , avec carrément de la drache, comme si une simple pluie ne suffisait pas . Le vent en rajoute une couche, nous projettant le sables mélangé aux gouttes .
Mais la fouille se poursuit . Les dents ne sont pas nombreuses dans le tamis mais la qualité est là . Durant la première heure je ne trouve pas grand chose d'intéressant, hormis une belle latérale supérieue d' Isurus retroflexus de 3 cm , bien robuste comme je les aime . Cette espèce rapellons-le est caractérisée par une couronne trapue et plate du côté labial ainsi qu'une racine robuste présentant une dépression sur la face labiale .
Isurus (anotodus) retroflexus, néogène , port d'Anvers.
Taille : 3,5 cm
Cedric de son côté trouve de petites dents sympathiques. Les tamis s'enchaîne, plus ou moins riches . Une dent tombe de la couche lors d'une pelletée: une très belle cosmopolitodus hastalis de 5 cm , ayant appartenu à un individu âgé comme en témoignent les plis à la base de la face labiale de la couronne.
Cosmopolitodus hastalis . Taille: 5 cm
Vue labiale montrant les plis caractérisant l'individu âgé
Malgré que cette espèce soit assez courante sur le gisement je suis très content de cette trouvaille car les grandes dents demeurent rares à cette époque où le site est moins producitf qu'au départ . De plus n'étant qu'à ma cinquième sortie dans le néogène belge il me manquait justement une belle grande latérale supérieure .
A partir de ce moment j'ai enchaîné à environ un intervalle d'une demi-heure les isurus de "grande taille" , tout pour me faire plaisir. D'abord une grande Isurus oxyrhynchus de 4,5 cm présentant une légère pathologie à la base de la couronne , puis d'autres grandes antérieures inférieures d'hastalis .
Niveau petite faune cette fouille révelera de belles petites surprises comme une superbe galeocerdo , une physogaleus hemoorensis complète ainsi qu'une petite eurhinodelphis cocheteuxi .
Nous combattons la pluie jusque passé 13 h , mais mon K-way ayant percé et étant trempé jusqu'aux os nous sommes obligés de rentrer . Vraiment dommage au vu de la taille de la couche et de sa bonne producitivité car si le temps avait été meilleur nous serions volontiers restés jusqu'au soir .
Tant pis nous revenons tous deux avec de belles pièces qui agrandiront la collection, cedric ayant lui trouvé une superbe pièce dans son dernier tamis .